Le rôle de l’équipe Agronomie dans la conception des fermes NeoFarm

Dans un de nos précédents articles, nous vous avions présenté les grandes étapes de l’installation d’une ferme avec NeoFarm, en donnant l’exemple de notre première ferme cliente : La Ferme de Garancières. Dans ce nouvel article, nous allons vous présenter plus particulièrement le rôle de notre équipe Agronomie (dite Agro !), composée d’ingénieur.e.s agronomes, dans ce processus d’installation, depuis l’étude du terrain jusqu’à la mise en production.

L’étude préliminaire du terrain

La première étape de la conception d’une ferme est la sélection puis l’étude du terrain envisagé. Pour cela, l’équipe Agro est mobilisée afin de réaliser une voire plusieurs visites de la parcelle. De nombreux aspects sont alors étudiés :

  • La structure de la parcelle : une observation générale de la parcelle permet d’identifier son agencement et ses caractéristiques globales. Ainsi, son orientation, sa pente, la présence d’infrastructures particulières (fossés, haies, mares, butes…), les parcelles voisines sont étudiées. Ces informations permettent de savoir si l’implantation d’une ferme est possible et dans quelles conditions. Elles sont primordiales pour la phase de conception et de design de la ferme.
  • Le type de sol et son état : les simples coordonnées géographiques d’une parcelle permettent de la replacer sur une carte géologique et ainsi de connaître le type de roches que l’on trouve dans la région et qui constituent le sous-sol. Ensuite, une fois sur le terrain, les ingénieur.e.s creusent un trou dans le sol à l’aide d’une pelle bêche afin de réaliser un profil de sol[1]. Cela permet d’avoir un rapide aperçu de la structure du sol[2] ainsi que de sa texture[3], des horizons[4] qui le composent, de son état de santé, de son taux de matière organique, de sa profondeur et de la vie qui s’y trouve. Un échantillon de sol est également prélevé afin d’être analysé et d’indiquer précisément la texture du sol. Ces éléments sont essentiels pour savoir si la parcelle peut être cultivée en maraîchage ou non. Ils permettent également d’ajuster les interventions agricoles par la suite afin d’obtenir un sol le plus fertile possible.
Capture d’écran du logiciel Tectoglob3D présentant une carte géologique de France
Capture d’écran du logiciel Tectoglob3D présentant une carte géologique de France
Profil de sol réalisé lors d’une visite de parcelle
Profil de sol réalisé lors d’une visite de parcelle
  • La biodiversité du site : elle concerne autant la faune que la flore et permet de donner de précieuses indications sur la parcelle. En effet, la biodiversité végétale présente sur la parcelle permet d’identifier des potentiels atouts ou problématiques grâce aux plantes bioindicatrices[5] : la présence de plantain (Plantago major) indique par exemple un sol compacté et tassé. Identifier ces espèces bioindicatrices permet donc facilement et rapidement d’identifier les hétérogénéités sur la parcelle. La biodiversité faunistique donne une indication sur la santé globale de l’écosystème. Ici, les ingénieur.e.s étudient la diversité des espèces présentes mais également leur abondance, autant dans le sol que sur la parcelle en général.
Etude de la faune et de la flore lors d’une visite de parcelle
Etude de la faune et de la flore lors d’une visite de parcelle
  • Le passé agricole de la parcelle : en interrogeant le propriétaire de la parcelle, l’équipe Agro récupère des informations sur l’usage de la parcelle ainsi que sur le mode de culture (bio ou conventionnel, labour ou non, agriculture de conservation des sols, agriculture raisonnée…). Ces informations sont précieuses pour adapter les interventions agricoles par la suite. Une parcelle en prairie permanente depuis 10 ans nécessitera des interventions différentes d’une parcelle cultivée en grandes cultures et labourée tous les ans. Cela donne également des informations sur l’état du sol. Ces informations permettent également d’élaborer le planning de conversion[6] de la parcelle si celle-ci était cultivée en conventionnel.

Conception et design des plans de la future ferme

Une fois les données de terrain récoltées et la parcelle validée, c’est l’heure de la conception et du design des plans. Le rôle de l’équipe Agro ici, en lien avec l’équipe Déploiement de NeoFarm, est de proposer un plan de la ferme correspondant aux souhaits du porteur de projet en termes de taille et aux contraintes de la parcelle. La ferme NeoFarm est composée de plusieurs éléments qui seront tous présents sur les fermes déployées (une serre, un verger maraîcher[7], une haie pluristratifiée, une mare, des zones de couverts végétaux…). Seuls vont varier leur taille et leur positionnement sur la ferme selon les projets. Le positionnement des éléments dépend des contraintes de la parcelle et est pensé afin d’optimiser la réalisation des services écosystémiques[8] et de faciliter l’activité humaine au quotidien sur la ferme pour l’équipe maraîchère. Ces services sont d’une importance capitale, d’autant plus quand on sait que l’association WWF a chiffré à 500 milliards de dollars par an le coût de ces services dans le monde (WWF, 2020).

Par exemple, le placement des haies et bosquets est choisi afin de créer des corridors de biodiversité, véritables voies de circulation pour la faune sauvage, dans la continuité des infrastructures végétales déjà existantes.

Plan de notre ferme cliente La Ferme de Garancières
Plan de notre ferme cliente La Ferme de Garancières

Les chantiers agronomiques préliminaires à l’installation de la ferme

Une fois le plan validé, place au chantier ! Souvent, des engrais verts[9] sont implantés en amont des travaux afin de protéger le sol, d’en améliorer la structure lorsque c’est nécessaire et de l’aggrader. Évidemment, si la parcelle était une prairie permanente, cette étape n’est pas nécessaire. Le choix des espèces implantées dépend des problématiques spécifiques du sol et du terrain, et est réalisé par les ingénieur.e.s de l’équipe Agro.

Le temps venu, il est aussi nécessaire de détruire les engrais verts (ou la prairie). Encore une fois, c’est l’équipe Agro qui se charge du choix des outils pour cette intervention. Il peut par exemple être nécessaire de réaliser un décompactage du sol et de choisir les outils adaptés pour cela.

Tout au long du chantier, une surveillance accrue est accordée aux conditions météorologiques lors des différentes interventions. Le passage d’un engin lourd en conditions non adaptées peut compacter le sol et compliquer la culture par la suite.

Une fois le chantier terminé, c’est au tour des maraîchers de prendre le relais et de soigner leur nouvelle ferme du mieux que possible. Mais l’équipe Agro n’est jamais très loin puisqu’elle accompagne également la nouvelle équipe de la ferme dans la conduite des cultures !

Références

Pour aller plus loin

[1] Un profil pédologique est un type de profil de terrain montrant une coupe verticale d’un sol depuis sa surface jusqu’à atteindre du matériau relativement peu altéré. Autrement exprimé, c’est une coupe verticale d’un sol qui met en évidence l’épaisseur et la succession des différents horizons. (Aquaportail, 2023)

[2] La structure du sol est l’agencement dans l’espace de ses constituants. Elle est déterminée par la forme des agrégats – les plus petits éléments indivisibles du sol. La structuration naturelle des sols est liée à leur texture. (SupAgro, 2023)

[3] La texture d’un sol est la répartition granulométrique de ses constituants. C’est la proportion entre les petites particules, les argiles, les particules de taille moyenne, les limons, et particules de grande taille, les sables (dont le diamètre reste tout de même inférieur à 2 mm). Les textures sont regroupées en classes : sol argileux, limono-sableux, etc. en fonction de ces proportions. On ne considère que les particules minérales (on exclut la matière organique et les carbonates) et inférieures à 2 mm. La texture apporte des informations utiles à la gestion de l’eau et de la fertilisation. (SupAgro, 2023)

[4] ​Un horizon de sol se définit comme étant une couche de matériau de sol minéral ou organique, approximativement parallèle à la surface de la terre dont les caractéristiques sont modifiées par les processus de formation du sol. (Gouvernement du Canada, 2013)

[5] On appelle plantes indicatrices des espèces facilement reconnaissables, dont la présence spontanée (ou, au contraire, l’absence) en un lieu donne des indications sur une ou plusieurs caractéristiques du milieu, physico-chimiques ou biologiques, naturelles ou dues à l’action de l’homme. L’expression doit toujours être au pluriel et on devrait plutôt parler de végétation (ou d’association végétale) indicatrice car une espèce, et a fortiori une plante, ne peut être indicatrice à elle toute seule. (Morlon, 2018)

[6] Avant de pouvoir certifier une parcelle en AB (bio), une période de conversion est nécessaire. Elle permet notamment le nettoyage du sol et assure une période de transition pendant laquelle le cahier des charges AB est respecté mais les produits ne peuvent pas encore être commercialisés sous le logo AB. La période de conversion débute après la notification de la conversion auprès de l’Agence Bio. Cette conversion dure 2 à 3 ans selon le type de culture. (Produire bio, 2023)

[7] Le verger maraîcher consiste à associer sur une même parcelle une culture légumière et une culture fruitière qui forment ainsi plusieurs strates de végétation. L’association de cultures complémentaires permet d’optimiser la valorisation des ressources du milieu (rayonnement solaire, ressources en eau, nutriments…). (Triple performance, 2023)

[8] Comme son nom l’indique, c’est un service rendu par la nature, qui nous permet de vivre et de faire fonctionner notre société. Ce sont toutes les contributions de la nature qui nous affectent directement. Par exemple, la pollinisation de nos arbres fruitiers et nos plantes à fleurs qui produisent nos fruits et légumes est un service (gratuit) de la nature : les insectes vont polliniser nos cultures ce qui nous permet de manger. […]. [Les services écosystémiques] sont classés en 4 catégories : les services d’approvisionnement, les services de régulation, les services de support, les services culturels. (Tela Botanica, 2023)

[9] Un engrais vert est une culture en couverture du sol en agriculture de conservation destinée, soit à être enfouie à l’état vert sur place par un labour (ou sans labour en technique culturale simplifiée, afin d’éviter la battance et de préserver le complexe argilo-humique), soit laissée sur place comme paillis protecteur de la culture suivante, pour améliorer la structure du sol et sa fertilité. (Wikipédia, 2022)

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