Zoom sur les associations culturales : de quoi s’agit-il ?

Dans les articles précédents, nous vous avons présenté l’agroécologie et ses principes. Nous avons notamment mis en évidence l’importance de la diversité en agroécologie. L’un des moyens de mettre cela en place en maraîchage est l’utilisation d’associations culturales. Ce terme ne vous est pas familier ? Vous voulez savoir comment cela fonctionne ? On vous dit tout dans cet article !

Qu’est-ce qu’on entend par association culturale ?

Une association culturale, ou association de cultures, consiste en la culture simultanée de plusieurs espèces végétales différentes sur la même parcelle. Elles peuvent être placées côte-à-côte, se succéder sur une même ligne ou encore être mélangées et les cycles de ces différentes espèces peuvent parfois se chevaucher. Il est également possible de faire des associations sur des planches proches, et pas nécessairement sur une même planche de culture. Ce type de pratique s’oppose donc à la monoculture, quand une seule espèce est cultivée sur la parcelle.

Les plantes ainsi associées interagissent entre elles et ces interactions peuvent être de différentes natures. Une plante peut par exemple favoriser la croissance d’une autre. Cet effet peut être réciproque ou non. Deux plantes peuvent être bénéfiques l’une à l’autre du point de vue de la fourniture d’éléments nutritifs, ou encore de la création de microclimat[1]. Certaines plantes peuvent également être protectrices pour d’autres, en repoussant les bioagresseurs[2] de son associée ou en les attirant et donc en épargnant l’associée, ou encore en attirant des insectes auxiliaires[3]. Les interactions entre plantes peuvent également être négatives : il arrive que certaines plantes inhibent la croissance d’autres, ce qui peut être utile contre les plantes adventices[4].

Association culturale de tomate et salade. Plant de tomate au milieu de deux plants de salade
Schéma en coupe d’une planche en association de tomate et de salade. Le plant de tomate est placé au centre de la planche, entre deux plants de salade.

Comment ça fonctionne ?

C’est bien connu, les plantes sont comme les animaux : elles communiquent entre elles. Mais sans cordes vocales ou possibilité de bouger, comment se faire comprendre ? Les plantes utilisent différents modes de communication :

La communication racinaire (par ex: exsudation[5]) : les racines des plantes peuvent « fusionner » entre elles et permettre une communication physique (électrique) et biochimique. Elles peuvent également le faire via les mycorhizes, symbiose entre un champignon et la racine de la plante, ou encore en sécrétant des substances dans le milieu.

La communication aérienne (volatilisation) : les plantes émettent des composés organiques volatils (COV) provenant des fleurs ou de l’appareil végétatif.

La communication par la décomposition des résidus de la plante.

À ce jour, tous les modes de communications inter-plantes ne sont pas expliqués et il reste des zones d’ombre. La communication se fait donc entre plantes mais également de plantes à insectes, notamment par le biais des odeurs, qui sont des COV. L’ensemble des interactions biochimiques réalisées par les plantes entre elles ou avec des microorganismes est appelé l’allélopathie (Sarthou J-P., 2018). Les substances produites peuvent influencer la germination, la croissance, la reproduction ou encore la survie.

Les avantages et inconvénients d’une association culturale

Associer des cultures présente de nombreux avantages, entre autres :

-Sécurisation du revenu par la diversification : produire plusieurs espèces en même temps permet de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et donc d’assurer une récolte en cas de perte de l’une des espèces.

-Diminution de la pression des adventices : une association de culture est souvent plus dense qu’une monoculture et recouvre donc plus le sol, ce qui laisse moins de place aux adventices pour se développer. Certaines plantes produisent également des substances inhibant le développement des adventices. Cela permet de limiter les actions de désherbage.

-Création d’un microclimat favorable : l’association de cultures peut permettre de créer un microclimat favorable à une ou plusieurs espèces de l’association. Par exemple, l’une peut protéger l’autre du vent, lui fournir de l’ombre ou bien permettre une humidité plus importante…

-Résistance aux maladies : des plantes associées sont souvent sensibles à des maladies différentes. Si l’une des plantes n’est pas sensible à l’oïdium, par exemple, elle va protéger l’autre plante qui y est sensible en créant une sorte de barrière physique à la propagation de la maladie. Cela permet de limiter les traitements fongicides.

-Protection contre les ravageurs : certaines plantes peuvent repousser les ravageurs de leur plante associée, attirer leurs insectes auxiliaires, ou encore attirer les ravageurs pour les détourner de l’autre culture.

-Gain de temps et d’espace : combiner plusieurs cultures peut permettre de gagner de la place (une culture peut combler l’espace entre deux plants d’une autre espèce) ou du temps (l’action de semis des deux espèces est ainsi mutualisée, ou encore une culture peut se développer plus vite qu’une autre et une fois cette première récoltée, l’autre est déjà en partie développée).

-Amélioration du rendement global : certaines associations permettent de stimuler la croissance et la production d’une ou plusieurs espèces concernées. On observe généralement un rendement global plus élevé et plus stable qu’en monoculture.

-Et bien plus encore : support physique (effet tuteur), optimisation de l’utilisation des ressources, amélioration du sol…

Mais la culture en association peut avoir certains inconvénients :

-Complexification de la gestion des cultures

-Manque de documentation et d’historique

Diminution des rendements individuels

-Incompatibilité avec la mécanisation

Deux exemples chez NeoFarm

Une association emblématique en maraîchage est l’association carotte/radis. Elle présente l’avantage principal d’optimiser l’utilisation de la planche dans le temps car la durée de culture du radis est beaucoup plus courte que celle de la carotte. Les deux espèces sont donc semées en même temps. Le radis se développe rapidement, jusqu’à être récoltable. Le microclimat créé par les radis développé est favorable à la germination des graines de carotte et à leur développement. L’espace occupé rapidement par le radis entre les rangs de carotte empêche par ailleurs le développement d’adventices.

Une fois les radis récoltés, les carottes ont alors toute la place pour se développer. Cette association permet donc d’augmenter le rendement de la planche, par rapport à une culture pure de carotte, ou de gagner du temps par rapport à une succession de radis puis de carottes. Chez NeoFarm, c’est une association que nous réalisons très souvent, autant sous serre qu’en plein champ.

Photo d'une association culturale carotte radis sur une planche de culture
Exemple d’une association de carotte et de radis sur une planche de culture.

Un autre exemple très connu en maraîchage est l’association d’une Alliacée avec de la carotte. Chez NeoFarm par exemple, nous cultivons l’oignon associé à la carotte. Cette association est particulièrement intéressante pour préserver les cultures des ravageurs : la carotte repousse la mouche de l’oignon et l’oignon repousse la mouche de la carotte. Ces deux espèces se protègent donc mutuellement, c’est gagnant-gagnant !

Photo d'une association culturale de carotte et d'oignon
Exemple d’une association de carotte et d’oignon sur une planche de culture en plein champ.

Pour trouver la bonne association, il faut donc expérimenter ! Alors, prêts à essayer d’associer ?

Références

  • Sarthou J-P., 2018. Allélopathie : Définition. Dictionnaire d’Agroecologie.
  • Fragnière I., 2007. Association culturale traditionnelle entre le maïs, la courge et le haricot. Pratique agronomique déjà utilisée par les Mayas et les Azteques. Photo prise dans la région du Mixtepec au Méxique. Wikipédia.

Pour aller plus loin

[1] Un microclimat désigne des conditions climatiques spécifiques d’une très petite zone géographique, significativement distinctes du climat général de la région où se situe cette zone.

[2] Un bioagresseur est un organisme vivant qui s’attaque aux plantes cultivées, et qui peut donc causer des pertes de rendement et des pertes économiques.

[3] Les auxiliaires des cultures sont des organismes vivants qui rendent des services écosystémiques facilitant la production agricole. On trouve parmi eux les pollinisateurs, ou les insectes prédateurs des bioagresseurs.

[4] Une plante adventice, communément appelée “mauvaise herbe”, est une plante qui pousse dans une zone sans y avoir été intentionnellement installée.

[5] Phénomène de suintement d’un liquide, ici provenant des racines de la plante.

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