L’agroécologie expliquée simplement par Margaux (2/2)

Dans l’article précédent, Margaux, ingénieure agronome chez NeoFarm, vous a présenté sa vision de l’agroécologie ainsi que les grands principes qui la régissent. Mais en pratique, ça donne quoi ? C’est parti pour un tour d’horizon des pratiques agroécologiques !

Les domaines d’action de l’agroécologie

En 2014, un groupe de chercheurs a proposé une définition de l’agroécologie sous forme de pratiques culturales (Wezel et al., 2014), avec entre autres :

  • La gestion du travail du sol : un labour perturbe et déstructure les différentes couches du sol, ainsi que les organismes qui s’y trouvent. Il faut donc lui préférer un travail raisonné et superficiel du sol, sans retournement des différentes strates, afin de favoriser la présence et le bon fonctionnement de la vie du sol. Avec un sol vivant, et les bonnes pratiques culturales, pas besoin de labourer ! 
  • La fertilisation des cultures : préférer des fertilisants d’origine biologique, comme du fumier ou des fientes, plutôt que des engrais de synthèse. Cela permet d’utiliser de la matière qui est inévitablement produite par les élevages et de limiter les émissions dues à la production de produits de synthèse. 
  • L’irrigation des cultures : une irrigation raisonnée est importante pour économiser l’eau, mais également pour préserver le sol. En effet, trop d’eau induit une érosion du sol, ainsi qu’un lessivage des éléments nutritifs qui y sont présents. Il est également important de considérer l’origine de l’eau d’irrigation. Récupérer les eaux de pluie peut, par exemple, éviter d’utiliser de l’eau potable du réseau d’eau de ville pour irriguer les cultures, et ce à moindre coût.
  • Le choix des cultures, répartition spatiale et succession dans le temps : augmenter le nombre d’espèces cultivées permet d’augmenter la résilience (on ne met pas tous ses œufs dans le même panier !). Il est aussi important de bien réfléchir à la disposition dans le temps et l’espace de ces cultures, afin de ne pas appauvrir le sol, ni d’augmenter le risque de diffusion de ravageurs ou de maladies des cultures. 
  • La gestion des adventices, ravageurs et maladies : une bonne gestion des bioagresseurs repose surtout sur des actions préventives, afin d’éviter d’en arriver à l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse. Il est par exemple possible d’utiliser des préparations naturelles, comme des décoctions ou des purins, ou encore d’implanter des plantes compagnes qui repoussent les ravageurs des cultures. 
  • La gestion des éléments du paysage : un agroécosystème est composé d’autres éléments que les cultures, par exemple les haies. Ces haies peuvent permettre d’accueillir de la biodiversité, de réduire les effets des aléas climatiques (comme un vent fort ou un ensoleillement important), d’éviter le ruissellement ou encore de stocker du carbone. Il peut aussi être intéressant de combiner différents systèmes de culture, par exemple le maraîchage et l’arboriculture à travers un verger maraîcher. 

“Ces thématiques regroupent donc l’ensemble des leviers mobilisables pour améliorer ses pratiques et sa gestion d’une exploitation. Mais il est essentiel de travailler sur TOUS ces aspects. Si l’on veut améliorer la durabilité de sa ferme, ce n’est pas juste en raisonnant son travail du sol que l’on va y arriver par exemple.”

Diversification des cultures dans notre verger maraîcher agroéologique
Planches de cultures diversifiées dans notre verger maraîcher à Saint-Nom-la-Bretèche (78)

Et chez NeoFarm ? 

Chez NeoFarm, nous travaillons de front sur toutes ces problématiques, pour trouver la combinaison parfaite de pratiques agroécologiques permettant d’atteindre le système le plus durable et résilient possible. Voici des exemples pour chacun des points présentés plus haut : 

  • La gestion du travail du sol : nous n’utilisons aucun matériel qui retourne le sol et dérange donc les horizons. Nous utilisons par exemple un outil à dents (décompacteur) sur le robot ou encore la grelinette. Il s’agit d’un outil à dents permettant la décompaction manuelle du sol sans retournement. On enfonce ses dents dans le sol, puis on réalise un mouvement de levier vers le bas afin de séparer les mottes de terre. Cette opération est reproduite le long de la planche de culture. Nous travaillons globalement le sol uniquement dans les premiers centimètres de profondeur avec des outils tels que le microculteur ou le motoculteur
Schéma explicitant le fonctionnement de la grelinette en agroécologie
Schéma explicitant le fonctionnement de la grelinette : ameublissement du sol sans retournement
  • La fertilisation des cultures : notre vision est de nourrir le sol pour nourrir les plantes. En effet, un sol riche et en bonne santé peut subvenir aux besoins des cultures. Afin de nourrir notre sol, nous utilisons principalement du compost d’origine végétale, que nous apportons en couche importante à la surface du sol. Cette matière organique va être dégradée par les organismes du sol qui rendent ainsi disponibles les nutriments nécessaires aux plantes. 
  • L’irrigation des cultures : les besoins en eau d’une plante varient en fonction de son stade de développement, de son espèce, des conditions climatiques… Il est donc important d’adapter l’irrigation. Chez NeoFarm, nous modulons nos apports d’eau en fonction de ces paramètres, grâce à notre application de gestion maraîchère connectée à notre station météorologique. Elle nous permet de connaître en temps réel la température, les précipitations, l’humidité de l’air… L’utilisation du goutte-à-goutte permet également d’optimiser l’apport d’eau.
  • Le choix des cultures, répartition spatiale et succession dans le temps : comme expliqué dans le précédent article, la diversité est très importante dans un système agroécologique. Nous respectons donc ce principe autant spatialement que temporellement. Différentes espèces de légumes sont donc présentes les unes à côté des autres à un même moment et se succèdent également dans le temps sur une même planche, afin de respecter un délai avant de se retrouver sur une même zone. Notre panel d’espèces cultivées est également très riche, avec une trentaine d’espèces, et pour chaque espèce deux à dix variétés sont cultivées sur l’année. 
  • La gestion des adventices, ravageurs et maladies : nous privilégions les actions préventives, afin d’éviter l’usage de produits phytosanitaires. Pour lutter contre les adventices par exemple, notre couche de compost est très utile ! Elle agit comme un paillis et bloque donc le développement de la plupart des graines d’adventices présentes dans le sol. Le fait de planter les cultures proches les unes des autres permet également de limiter l’espace disponible pour le développement de plantes non désirées. La diversification spatiale et temporelle des espèces cultivées permet également de limiter la propagation des maladies et ravageurs. Enfin, nous réalisons sur notre ferme des préparations naturelles que nous utilisons pour prévenir les ravages de maladies ou ravageurs. Parmi elles, on peut citer les purins et décoctions de plantes comme l’ortie ou la rhubarbe. 
  • La gestion des éléments du paysage : le design d’une exploitation joue un rôle important dans le fonctionnement d’un agroécosystème. Dans une NeoFarm, on trouve par exemple une haie pluristratifiée autour de la ferme, c’est-à-dire une haie avec à la fois des arbres, des arbustes et des hautes herbes. Cette haie permet d’accueillir une biodiversité végétale mais également animale et agit comme un corridor de biodiversité, en permettant la bonne circulation des espèces animales sur le territoire. Elle apporte également une protection contre le vent aux cultures et crée un microclimat favorable à leur développement. Si des cultures conventionnelles se trouvent autour de la ferme, la haie peut par ailleurs faire office de barrière physique aux intrants chimiques. La haie est aussi une barrière à l’écoulement de l’eau, elle limite l’érosion du sol et favorise l’infiltration de l’eau dans le sol. Enfin, la haie permet de stocker du carbone : entre 3 et 5 tonnes par kilomètre de haie (projet Carbocage, ADEME, 2020).

“Pratiquer l’agroécologie sur sa ferme demande donc une certaine pluridisciplinarité. Il faut maîtriser de nombreux aspects et notions en termes d’agronomie et d’écologie. Mais avec un peu de curiosité et de motivation, c’est à la portée de chacun !”.

Références

  • ADEME, 2020. Projet Carbocage – vers la neutralité carbone des territoires. 
  • Wezel A. et al., 2014. Agroecological practices for sustainable agriculture. A review, Agronomy for Sustainable Development 34(1):1-20, DOI:10.1007/s13593-013-0180-7.

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