La gestion de la biomasse sur une ferme agroécologique, comment ça se passe ?

Dans un de nos précédents articles, nous évoquions la nécessité de créer de la biomasse, via notamment l’implantation d’engrais verts. Mais sur une ferme agroécologique, il y a de nombreuses sources de biomasse. Quelles sont ces différentes matières ? Comment sont-elles utilisées ? Quels sont leurs bénéfices ? Nous répondons à vos questions dans ce nouvel article !

Qu’est-ce que la biomasse ?

La biomasse est définie comme « la masse de matière vivante subsistant en équilibre sur une surface donnée du globe terrestre » (Le Robert). Comme le rappelle l’INSEE dans sa définition, la biomasse est une source d’énergie, qui peut être utilisée soit directement, comme le bois, soit après une méthanisation[1] pour produire du biogaz, soit après toute autre transformation chimique. La biomasse peut aussi être valorisée via le compostage.

Il existe donc bien deux sens du mot « biomasse ». Le sens écologique du terme, qui désigne en fait toute la matière organique végétale et animale présente à un moment donné dans un espace défini, et le sens énergétique du terme, comme l’a défini l’INSEE. (Actu Environnement)

Dans la suite de cet article, nous emploierons le terme « biomasse » au sens écologique du terme.

D’où provient la biomasse d’une ferme agroécologique ?

Au sein d’une ferme agroécologique, il y a de nombreuses sources de biomasse, aussi appelée matière organique.

La première source de biomasse est l’ensemble des plantes cultivées pour la production maraîchère. En effet, souvent, le produit commercialisé ne représente qu’une partie de la plante (c’est le cas des légumes fruits, comme la tomate ou la courgette par exemple). Lorsque les plants sont taillés, effeuillés, ou retirés une fois la saison terminée, une quantité importante de déchets végétaux est à disposition. On trouve également une partie de cette biomasse dans le sol, sous forme de racines, et ce même pour les plantes dont on récolte toute la partie végétative, comme les salades par exemple.

La biomasse produite par les zones non productives est aussi conséquente sur une ferme agroécologique. En effet, dans ce type de ferme, de nombreuses zones dédiées à la biodiversité sont implantées. Ces zones peuvent nécessiter un entretien ponctuel, comme une tonte (pour des zones enherbées comme des allées ou des bas-côtés), une fauche (pour des zones de couverts végétaux ou des bandes fleuries) ou une taille (pour des haies ou arbres/arbustes isolés). Les arbres produisent aussi de la matière organique via la perte de leurs feuilles à l’automne. La quantité de matière est d’autant plus importante si la ferme possède des arbres fruitiers, comme c’est le cas des fermes NeoFarm.

Enfin, malgré une attention particulière portée aux légumes et à leur conservation, il arrive parfois qu’une partie de la production soit perdue. Cela peut survenir au champ, si une maladie ou un ravageur attaque les légumes, ou au cours de la conservation s’ils ne sont pas vendus à temps ou si leur qualité se dégrade pour diverses raisons. Ces légumes invendables constituent également de la matière organique utilisable.

Quels devenirs pour cette biomasse ?

Les principes agroécologiques reposent en grande partie sur une gestion raisonnée et optimisée de la matière organique. Un des objectifs principaux est de favoriser le recyclage de la matière organique dans l’agroécosystème[2], afin d’avoir un minimum, voire pas du tout, de matière à importer de l’extérieur. C’est pourquoi la plupart des résidus de culture (feuilles, tiges, racines…) sont laissés sur la parcelle. Cette matière va être dégradée par la faune présente (insectes, microorganismes…) et va ainsi pouvoir enrichir le sol en éléments nutritifs qui pourront nourrir les cultures suivantes. Cela permet ainsi de s’affranchir d’un apport de fertilisant du commerce.

Biomasse issue des résidus de culture laissée entre les rangs de culture
Biomasse issue des résidus de culture laissée entre les rangs de culture

Sur le même principe, si la culture qui prend fin a une végétation trop dense ou trop ligneuse[3] pour rester en place (les concombres par exemple) ou si la culture suivante a besoin d’un lit de semence fin et que la biomasse doit donc être exportée de la parcelle, on choisira plutôt d’apporter de la matière provenant d’autres zones de la ferme (la paille par exemple). La matière exportée des parcelles peut elle être compostée ou méthanisée si une infrastructure est disponible à proximité. Elle peut ainsi produire de la matière réutilisable sur la ferme (compost ou digestat de méthanisation) et/ou de l’énergie (biogaz).

Résidus de culture en cours de compostage
Résidus de culture en cours de compostage
Résidus de culture utilisés pour pailler un arbre fruitier
Résidus de culture utilisés pour pailler un arbre fruitier

La biomasse des zones de couverts végétaux peut soit être laissée sur place pour enrichir le sol, soit être exportée vers des parcelles cultivées pour servir de paillage, ou encore être vendue sous forme de paille à d’autres agriculteurs, des centres équestres, des particuliers… Le bois issu des tailles de haies et/ou d’arbres fruitiers peut être laissé au sol pour se dégrader, ou peut être broyé. Ce processus nécessite l’accès à un broyeur, mais permet d’obtenir une matière de paillage très riche en carbone et facilement assimilable par la vie du sol, qui peut être utilisée sur la ferme ou vendue.

Concernant les légumes non commercialisables, s’ils sont encore au champ, ils peuvent être laissés au sol s’ils ne contiennent pas de graines (qui risqueraient de germer et d’enherber la parcelle). S’ils ont déjà été récoltés, ils peuvent être compostés ou méthanisés.

Comment est gérée la biomasse chez NeoFarm ?

Chez NeoFarm, nous laissons au maximum les résidus de culture sur nos planches. Si la culture qui est retirée peut être enfouie dans le sol et que la culture suivante n’est pas semée, nous laissons systématiquement les résidus sur place. Lorsque la matière doit être exportée, nous la compostons. Il en est de même pour les légumes non commercialisables qui ne sont pas laissés sur les planches.

Nous laissons la biomasse de nos couverts végétaux se dégrader sur place. Cela permet de protéger le sol de l’érosion[4], la battance[5], la lixiviation[6] et le lessivage[7] des éléments nutritifs du sol.

Afin de pailler nos planches, nous utilisons essentiellement de la paille ou du fumier provenant d’exploitations agricoles et centres équestres voisins.

Tomate et persil cultivés après un apport de biomasse (fumier de cheval)
Tomate et persil cultivés après un apport de biomasse (fumier de cheval)

Nous essayons donc autant que nous le pouvons de favoriser le recyclage naturel de la matière organique générée sur nos fermes, et de nous approvisionner localement en matière quand c’est nécessaire !

Références

  • Actu Environnement, définition de « Biomasse », Dictionnaire Environnement, ?.
  • Dictionnaire Larousse, définition de « ligneux », ?.
  • Dictionnaire Le Robert, définition de « biomasse », ?.
  • Dictionnaire Le Robert, définition de « méthanisation », ?.
  • GRDF (Gaz Réseau Distribution France), La méthanisation, ?.
  • INSEE, définition de « biomasse », 2020.
  • Ritter J., Fiche Technique « L’érosion du sol – causes et effets », 2012.
  • Triple performance, Battance des sols, ?.
  • Wikipédia, Lessivage, 2022.
  • Wikipédia, Lixiviation (agriculture), 2021.

Pour aller plus loin

[1] La méthanisation est la transformation de matière organique en méthane (biogaz) par un processus de fermentation (Le Robert). A l’issu de ce processus, deux produits sont obtenus : le biogaz et le digestat. (GRDF)

[2] Un agroécosystème est un écosystème dont la matière organique est produite à des fins alimentaires.

[3] Une matière est dite ligneuse si elle contient suffisamment de faisceaux enrichis en lignine pour que les tiges soient résistantes, semblables à du bois. (Larousse)

[4] L’érosion est l’amincissement de la couche arable du sol sous l’effet des forces érosives naturelles de l’eau et du vent, ou sous l’effet des activités agricoles comme le travail du sol. (Ritter J.)

[5] La battance est la tendance d’un sol à se désagréger et à former une croûte en surface sous l’action mécanique des gouttes de pluie. (Triple Performance)

[6] La lixiviation désigne la perte de nutriments végétaux hydrosolubles du sol, qui sont dissous et entraînés par les eaux d’infiltration à la suite de pluie ou d’irrigation. (Wikipédia)

[7] Le lessivage est le processus d’entraînement, par l’eau d’infiltration ou par l’eau souterraine, de constituants insolubles, ce qui conduit à la formation d’horizons lessivés appauvris en ces substances qui enrichissent d’autres horizons, généralement inférieurs. (Wikipédia)

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