L’implantation de la mare

Chez NeoFarm, l’agroécologie est au cœur de nos pratiques agricoles. Si vous avez lu attentivement nos deux articles sur le sujet, vous savez qu’agroécologie rime avec biodiversité. Une part de nos recherches est donc dédiée au développement de la biodiversité sur la ferme : fleurs, haies, nichoirs, hôtels à insectes, mare. Nous vous présentons l’implantation de celle-ci dans ce nouvel article.

La mare comme infrastructure agroécologique

L’agroécologie prévoit une place importante pour les infrastructures agroécologiques (IAE), dont font partie les mares. Une IAE est un « habitat semi-naturel », lieu de vie permanent ou intermittent, permettant reproduction, alimentation, refuge, estivation[1] ou hibernation[2] de la faune ou de la flore. Elle peut être spontanée ou créée par l’homme mais se doit toujours d’être gérée de manière à respecter la dynamique naturelle de l’habitat. Dans le cas des mares, on parle d’IAE ponctuelles, de par leur forme et leur localisation très précise[3].

Des mares aux multiples fonctions

Dans le respect des pratiques agroécologiques, NeoFarm a intégré à son modèle l’aménagement systématique de mares sur ses fermes. Ces mares répondent initialement à un besoin de la ressource en eau et sont donc pensées comme des bassins de rétention permettant de récupérer et stocker l’eau de pluie tombée sur le toit des serres afin d’irriguer les cultures. Elles peuvent également faciliter l’infiltration des eaux pluviales dans le sol. Dans tous les cas, elles présentent aussi un intérêt écologique certain, les mares étant des écosystèmes complexes. Ce sont des mines de biodiversité, tant végétales qu’animales, les zones humides comptant parmi les écosystèmes les plus riches de la planète. Malheureusement, sur les 19 500 espèces dépendantes des zones humides (Eau France – Les zones humides), un quart sont menacées. Il semble donc essentiel de protéger et de restaurer ces écosystèmes, tant pour la biodiversité qui s’y niche que pour assurer sa fonction d’infrastructure agroécologique que nous lui conférons.

La mare est ainsi une zone refuge de plusieurs espèces animales, notamment des auxiliaires de cultures[4], et peut servir de point d’eau pour qu’elles s’abreuvent, pondent ou se nettoient. On retrouve dans ces écosystèmes :

  • des insectes (collemboles, hyménoptères, coléoptères, odonates, etc.) : 3 450 espèces liées aux milieux aquatiques recensées en France, ce qui correspond à 10% des espèces totales d’insectes recensées en France (ZHI – La faune des zones humides).
  • des amphibiens : la grande majorité des 5 000 espèces d’amphibiens connues est présente dans les zones d’eau douce, notamment au stade larvaire (ZHI – La faune des zones humides).
  • des poissons : on retrouve dans les zones d’eau douce environ 45% des espèces de poissons connues (ZHI – La faune des zones humides).
  • des reptiles : comme des lézards, couleuvres, cistudes, etc.
  • des oiseaux : des bécassines, canards, grands cormorans, etc. (LPO)
  • des mammifères : les loutres, rats, mulots, campagnols, etc. (LPO)

L’implantation de la mare

Pour que la biodiversité animale se développe au mieux dans la mare, il est important de lui créer un habitat adapté : fleurs, arbustes, arbres sont donc les bienvenus aux abords de la mare. Chaque écosystème étant différent, il faut aussi adapter ce choix aux besoins spécifiques de la mare en question. Ces besoins peuvent être :

  • Structurer et stabiliser le sol : on utilise pour cela des plantes de rives possédant des racines en pivot qui s’ancrent profondément dans le sol en créant des sillons.
  • Repousser les ravageurs : certaines plantes émettent des odeurs qui repoussent certains insectes ravageurs comme les pucerons. On les qualifie de plantes répulsives.
  • Attirer les auxiliaires : c’est notamment le cas des plantes mellifères qui attirent les pollinisateurs.
  • Phytoépurer : on utilise pour cela des plantes flottantes comme les nénuphars. La phytoépuration est un procédé naturel de filtration ou de dépollution des eaux grâce aux bactéries présentes dans le système racinaire des plantes.
  • Abriter la faune : c’est en général le cas des arbres ou des gros bosquets.
La biodiversité animale à l'échelle de la mare
La biodiversité animale à l’échelle de la mare.

La mare est un écosystème humide, le choix de plantes adaptées à ce milieu est donc primordial. D’autant plus que celles-ci peuvent avoir diverses fonctions, comme nous venons de le voir. Veillez aussi à privilégier des espèces endémiques[5], celles-ci s’adapteront mieux au climat et à la zone implantée. Voici donc quelques exemples de plantes que vous pouvez aisément implanter en Ile-de-France aux abords de vos mares :

  • Plantes de rives: iris des marais, myosotis des marais.
  • Plantes semi-aquatiques: menthe aquatique, roseaux.
  • Plantes flottantes: nénuphar.
  • Arbres: aulne glutineux, saule blanc.
Implantation à gauche de roseaux et à droite de nénuphars.
Implantation à gauche de roseaux et à droite de nénuphars.

Le choix est donc large alors amusez-vous, expérimentez, testez différentes plantes pour trouver celles qui s’adapteront le mieux à votre mare. Attention, en revanche, car il est aussi admis que certaines de ces plantes sont invasives puisqu’il s’agit majoritairement de variétés rustiques, donc très résistantes. C’est d’ailleurs en partie ce qui explique leur aptitude à s’implanter dans ces milieux humides. Pour éviter que celles-ci n’envahissent votre mare, vérifiez que l’espèce ne soit pas invasive dans la région et, de manière générale, implantez à de faibles densités et contrôlez le développement. Il se peut que chaque année, vous ayez à retirer quelques pieds afin que chaque espèce trouve sa place. Vous verrez, la biodiversité suivra !

Références

Pour aller plus loin

[1] L’estivation est l’état d’engourdissement de certains animaux durant l’été (en opposition à hibernation).

[2] L’hibernation est l’état d’engourdissement de certains animaux durant l’hiver (en opposition à estivation).

[3] Les IAE peuvent avoir des formes diverses : linéaire (haies, talus, murets, bords de fossé, etc.), surfacique (prairies, bosquets, zones humides, etc.), ponctuelle (mares, arbres isolés, rochers, etc.). (Dictionnaire d’Agroécologie)

[4] Un auxiliaire de culture est un organisme vivant qui fournit des services écosystémiques permettant de faciliter la production agricole. Il remplace tout ou partie du travail et des intrants apportés par l’agriculteur. (Dictionnaire d’Agroécologie)

[5] Une espèce est dite endémique lorsqu’elle est présente exclusivement dans une région géographique délimitée. (Nature France)

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